Du Jihad

Daesh a revendiqué l’attentat perpétré par des combattants musulmans à Moscou ce 22 mars. La « Guerre Sainte » déclarée par l’Islam il y a quatorze siècles contre tous ceux qui refusent de vivre sous sa loi, se poursuit. L’occasion de porter plus précisément le propos sur le Jihad.

Dans le contexte de l’expansion de l’islam, les juristes des dynasties omeyyade puis abbasside, toutes deux sunnites, fignolèrent l’inquiétant concept du Jihad (« combat sur la voie de Dieu », « guerre sainte »), inspiré du Coran. Le Jihad, en tant que principe canonique, est propre à l’islam. Pas dans le sens premier de ce terme, qui est celui d’ « effort », de « combat intérieur » : le combat intérieur du croyant se livrant à l’ascèse et à la prière pour maîtriser ses mauvais instincts, perfectionner son âme, atteindre à la perfection individuelle et devenir le meilleur musulman possible. Ce Jihad-là, appelé « grand Jihad », qui est un combat personnel en vue du perfectionnement moral et religieux, est de même nature que les exercices spirituels mis en exergue par la plupart des autres religions. C’est avec le « petit Jihad », celui qui concerne le combat extérieur, l’action guerrière, que l’islam se démarque véritablement des autres religions de nos jours.

Il fait de la guerre sainte un élément central de sa pratique et de sa politique. Résultat : l’islam est une religion couverte de sang. Nous avons pris soin de dire « de nos jours », parce que le christianisme est lui aussi une religion couverte de sang. Tous les princes d’Europe qui au fil des siècles ont imposé, par le fer et par le feu, le christianisme qu’ils avaient adopté, à commencer par Charlemagne contre les Saxons, qui ont brandi le signe de la Croix contre leurs ennemis ou ceux qu’ils voulaient convertir, ont eux aussi fait de la guerre sainte un élément central de leur politique.

Ce « petit Jihad » se décompose lui-même en deux éléments. Il y a le Jihad de défense, mis en œuvre si le dar al-Islam est menacé par les non-musulmans. C’est une « obligation individuelle », entraînant une mobilisation générale : tout musulman valide doit combattre, les autres devant apporter une contribution financière ou prier pour la victoire de l’islam. C’est une obligation coranique. Le « Jihad offensif » est l’autre forme du Jihad, celle qui fait de l’islam une religion pyromane. Ce Jihad d’attaque est au service de l’expansion du dar al-Islam, le domaine de l’Islam. Plusieurs versets coraniques exhortent au Jihad offensif. Exemples : 

« Dis encore aux Arabes du désert qui sont resté chez eux : nous vous appelons à marcher contre des nations puissantes ; vous les combattrez jusqu’à ce qu’elles embrassent l’islam, mais si vous tergiversez comme vous l’avez fait autrefois, Il vous infligera un châtiment douloureux » (Coran, sourate XLVIII, verset 16).

« Dis aux infidèles que s’ils mettent fin à leur impiété, Dieu leur pardonnera leur passé ; mais s’ils retombent, ils ont devant eux l’exemple des anciens peuples (crochet qui ont été vaincus) » (Coran, sourate VIII, le Butin, verset 39).

« Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son prophète ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion » (Coran, sourate IX, le Repentir, verset 29).

Le Jihad offensif est l’affaire des dirigeants politiques (califes, émirs, sultans), des soldats en unités constituées qui participent aux opérations militaires contre les infidèles et les païens refusant de se convertir à la « vraie foi », mais aussi désormais de tout musulman souhaitant agir dans un Jihad individuel par attentat, couteau, marteau, usant de tous moyens à sa disposition, y compris de véhicules pour foncer dans une foule, comme l’actualité française en fait la démonstration depuis plusieurs années (voir les déclarations de Ruhollah Khomeini et Alija Izetbegovic en fin de notre autre article Islam ou Islamisme ?). Et malheur aux vaincus ! Les soldats d’Allah ont tous les droits sur eux : pillage, viol, prise de butin, captifs que l’on emmène en esclavage, tribut levé par les vainqueurs en contrepartie de la « protection » qu’ils accordent aux peuples soumis. L’esclavage est autorisé par le Coran et les Traditions, et juridiquement reconnu par le Droit, sous réserve d’un traitement humain de l’esclave. Cette pensée est pragmatique, il serait idiot de « gâcher » par des traitements inhumains la force de travail que l’on a durement par un paiement ou par le combat. Esclave pouvant être affranchi s’il accepte de se convertir, devenant ainsi l’égal, ou presque, des croyants libres. Le Jihad offensif étant un devoir religieux, il fut le moteur principal de l’extraordinaire expansion de l’islam, le reste étant dû au prosélytisme des marchands et autres voyageurs. A la mort de Mahomet, les califes qui lui succédèrent poursuivirent ses combats acharnés, soumettant à coups de cimeterres, l’Afrique du Nord, la péninsule ibérique, le sud de la France, les Proche et Moyen-Orient, les empires perse et byzantin, l’ensemble de la Russie et de l’actuelle Ukraine, à l’islam. Grâce au paiement du tribut par les peuples vaincus, le Jihad offensif fit affluer d’énormes richesses, notamment celles de l’Europe centrale, vers l’Empire ottoman, lui assurant une grande prospérité. Qui déclina lorsque l’Empire ottoman reflua d’Europe centrale, après l’échec du siège de Vienne en 1763. Le principe du Jihad offensif s’applique à toutes les formes de guerre. Telles que la piraterie barbaresque, qui terrorisa la Méditerranée jusqu’en 1830 lorsque la France décida de « siffler la fin de la récréation » en débarquant à Alger : les corsaires musulmans capturaient les navires de commerce européens, raflaient les cargaisons, enchaînaient et revendaient les captifs à leurs familles contre rançon. Ils avaient aussi pour habitude de réserver leurs jeunes prisonnières à la libido de riches propriétaires de harems. Ceux-ci payaient le prix fort : il y avait une très forte demande de femmes à la peau claire, considérées comme particulièrement excitantes. Les raids ciblaient aussi les populations du littoral méditerranée de l’Europe. Dès la fin du XVe siècle et jusqu’au XIXe siècle, les cités corsaires d’Afrique du Nord, au premier rang desquelles Alger, vécurent de cette cruelle piraterie considérée comme un Jihad par ceux qui la pratiquaient. 

Offensif ou défensif, le Jihad relègue au second plan les autres obligations religieuses, car prévalent les impératifs guerriers. Par exemple, le jeûne du ramadan : le musulman au combat en est dispensé, parce qu’il amoindrirait évidemment ses chances de victoire en se battant l’estomac vide et après avoir passé une nuit blanche. L’acceptation du martyre est inséparable d’un appel à la lutte : les croyants qui meurent pour leur foi, qu’ils la défendent ou qu’ils subissent des persécutions, vont directement au paradis : « Ne croyez pas que ceux qui ont succombé en combattant sur le sentier de Dieu soient morts ; ils vivent près de Dieu, et reçoivent de lui leur nourriture » (Coran, sourate III, la Famille de Imram, verset 163). Le Coran décrit dans plusieurs versets le paradis, ce merveilleux endroit où les hommes pieux « seront dans un lieu sûr, au milieu des jardins et des sources d’eau, revêtus d’habits de soie et de satin, et placés les uns en face des autres. Telle sera leur condition, et de plus nous leur donnerons pour épouses des femmes aux yeux noirs » (Coran, sourate XLIV, la Fumée, versets 51 à 54).

Il y a un esprit des religions, comme il y a un esprit des lois. Celui de l’islam, c’est la violence. Prétendre que l’islam est une religion pacifique, c’est ne pas regarder la réalité en face ou manier la langue de bois, c’est un acte de forfaiture à l’encontre de tous les non-musulmans : le Coran recèle une centaine de versets qui sont un appel au meurtre. Et l’histoire de l’islam est celle de ses armes. Dans l’islam, c’est le pacifisme systématique qui est une déviance par rapport aux textes fondateurs.

S’il existe à travers le monde des femmes et des hommes nés dans la sphère culturelle et religieuse de l’Islam mais qui aspirent plus ou moins consciemment au développement de la laïcité, des libertés, de la séparation des pouvoirs religieux et temporel, qui s’exprime à travers une partie des classes moyennes, qui ont besoin d’une réforme des dogmes religieux de l’islam, d’une modernisation théologale, celles-ci sont impossibles du fait que le Coran est pour le bon musulman la parole de Dieu, qu’aucun homme n’est donc en droit de modifier. De ce fait, tous les élans spontanés vers un assouplissement des modes de vie imposés par l’islam ne se traduisent pas par une modernisation des dogmes de cette religion. Il n’existe pas dans l’islam d’autorité religieuse centralisatrice et surplombante (analogue à la papauté) qui, par voie hiérarchique qui serait en mesure de décréter une modification des dogmes, et d’imposer cette transformation impensable de la parole de Dieu. En conséquence, l’islam demeure une menace pour tout non-musulman.

En complément à cet article, nous recommandons au lecteur de se tourner vers l’ensemble de notre thématique Islam où il trouvera certes une redite de certains éléments présentés ici, mais aussi et surtout de nombreuses autres informations complémentaires sur ce système théologico-politique totalitaire.