De l’Homme nouveau

Abordons ce concept du point de vue chrétien, du point de vue marxiste, et du point de vue identitaire païen. Mais il faut établir et dater cette comparaison à partir de Marx et non du communisme, parce que le communisme a existé avant Marx, et que le christianisme était en soi un communisme. Oswald Spengler l’avait bien compris, disant que le christianisme est la grand-mère du bolchevisme.

Pour les chrétiens, l’homme nouveau, c’est l’état de l’homme qui s’est dépouillé de l’héritage du péché originel pour revêtir la « sainteté du Christ sauveur ».

Pour les marxistes, c’est l’homme qui s’est dépouillé de tout réflexe bourgeois, capitaliste et impérialiste, pour revêtir la pureté idéologique nécessaire à la construction d’une société sans classes dirigée par un « prolétariat salvateur ». Les communistes remplacent l’eschatologie chrétienne par la perspective de la société sans classes, l’espérance théologale chrétienne par la promesse du bonheur terrestre, la rédemption chrétienne par la révolution. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont à construire ici et maintenant, l’homme nouveau n’est pas celui qui naît de la « grâce » chrétienne mais celui que produit la rééducation idéologique, avec l’autocritique pour confession, de cruelles punitions comme pénitence (sur ce point à l’égal des chrétiens fanatiques avec leurs flagellations, leurs silices, la différence étant qu’elles sont auto-infligées par le chrétien, alors qu’elles le sont par le régime pour le communiste moderne…), l’absolution étant délivrée par le parti tout puissant. La charité et l’amour du prochain sont remplacés par une « solidarité » de classe et une « fraternité entre les peuples » qui impliquent la guerre sociale et la guerre internationale, contre les patrons « exploiteurs » et les impérialistes « oppresseurs ». Entre le marxiste et le chrétien, le renversement des valeurs est universel : la paix est dans la guerre, l’amour dans la haine, la clémence dans la vengeance, la vérité dans le mensonge.

Pour ce qui est des identitaires païens enfin, ils ne sont pas concernés par « l’homme nouveau » et ces torsions dogmatiques, ils n’en n’ont pas besoin, ils sont les hommes d’un passé toujours actuel, qui n’est pas synonyme de révolu, ils sont les porteurs enracinés de la Tradition polythéiste et de la civilisation européenne véritable, antérieure aux importations sémites, ils n’ont besoin d’être ni « déconstruits » comme le rêvent les harpies de l’extrême-gauche féministes, ni « reconstruits » façon homme nouveau. La Tradition, c’est « notre boussole intérieure, l’étalon des normes qui nous conviennent et qui ont survécu à tout ce qui a été fait pour nous changer », nous dit Dominique Venner.