De l’escroquerie psychanalytique

Quoi de mieux, pour dénoncer ce charlatanisme, que l’évocation de deux de ses plus éminents représentants, Sigmund Freud et Jacques Lacan.

Sigmund Freud est sans doute l’une des figures les plus surfaites de toute l’histoire de la médecine. Ce que l’on a appris depuis le début des années 1970 dans les archives secrètes du mouvement psychanalytique, qui restent en partie interdites jusqu’au XXIIe siècle (on se demande bien pourquoi !), ce qu’ont rajouté les enquêtes des historiens, les témoignages des survivants, et les progrès rapides de l’épistémologie et des connaissances de la psychologie – lesquelles ont changé l’état d’esprit des chercheurs à l’égard de l’invention du juif Viennois et leur a fait reconnaître ses incohérences et ses manipulations – , tout cela fait que ce personnage naguère placé au pinacle aujourd’hui disparaît de la scène internationale avec ses produits intellectuels et ses dérivés, dans la déconsidération des savants et la condamnation morale des milieux informés.

Pas un seul des clients de Freud n’a été guéri, et il n’y a pas d’évidence qu’un seul ait même été amélioré par sa méthode pendant les cinquante-trois années de sa carrière. Et, aussi incroyable que cela paraisse, nombre de ses prétendus patients ont été délibérément inventés, avec leurs symptômes, leurs causes, les effets thérapeutiques. L’histoire de la psychanalyse a été truquée pour se conformer à la légende, à l’élaboration de ses mythes, et pour empêcher qu’on s’aperçoive que les faits ont été d’emblée fabriqués, falsifiés ou soustraits, afin de dissimuler une escroquerie intellectuelle héroïque, tenant du prodige, et qui aura duré un siècle.

Les seuls « mérites » qui puissent être portés au crédit du freudisme furent d’abord la puissance de pénétration de sa propagande dans la culture occidentale, et puis la vraisemblance de sa rhétorique de désinformation, qui s’effondra sous le poids des preuves de mensonges malgré de vaines tentatives pour immuniser son dogme contre la contestation.

A lire : Mensonges freudiens. Histoire d’une désinformation séculaire, Éditions Pierre Madaga, 2002.

Et pour poursuivre sur la famille, voir à propos de son neveu Edward Bernay notre article Comment manipuler l’opinion en démocratie ?

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Quant à Jacques Lacan, Martin Heidegger dont il quêta en vain la reconnaissance, estima que « ce psychiatre a besoin d’un psychiatre » et Raymond Tallis que « peu de psychanalystes sont aussi ouvertement détraqués que Lacan, le plus éminent disciple français de Freud ».

Rudolf Loewenstein – qui tenta vainement de le former – l’avait considéré « non analysable » et suffisamment dérangé pour lui refuser d’emblée la titularisation dans les années 1930. En décembre 1975, devant les autorités du Massachusetts Institute of Technology et de l’Université de Yale aux États-Unis, Lacan offrit son spectacle : « Nous pensons que nous pensons avec nos cerveaux, mais je pense personnellement avec mes pieds. C’est vraiment ma seule façon d’entrer en contact avec quelque chose de solide. Je pense parfois avec mon front, quand je me jette sur un sujet. Mais j’ai vu suffisamment d’électroencéphalogrammes pour savoir qu’il n’y a pas la plus petite trace d’une pensée dans le cerveau. » Le linguiste Noam Chomsky conclut dès lors que le psychanalyste était fou. 

On est quand même pris de vertige devant le culte messianique dont jouit ce personnage au regard de sa biographie, du contenu de ses produits, de l’état de la psychanalyse aujourd’hui dans le monde, et de ce qui peut être jugé comme une prodigieuse fourberie. Au faîte de sa gloire de 1970 à 1980, Lacan empocha plus de 4 millions de francs, le plus souvent en espèces, grâce aux patients qu’il n’approchait que quelques minutes en moyenne par séance, alors qu’il était répudié depuis 1963 par l’orthodoxie freudienne à la suite d’une enquête sur ses pratiques. On a condamné aussi l’hermétisme de son jargon chamanique manipulant ses admirateurs par une jonglerie verbeuse prétendument inspirée par la linguistique, mais authentique psittacisme, ou par des mathématiques absurdes, dissimulant la vacuité factuelle et clinique de ses publications, de ses homélies jaculatoires. On s’est étonné de la fréquence élevée de suicides parmi les zombies descendus du divan lacanien ou de son tribunal inquisitorial, « la Passe », cérémonie rituelle destinée à introniser des rescapés dans son ordre sectaire. On est moins étonné quand, dans ses six dernières années, le grand pontife, envahi par des troubles neurologiques, de l’humeur et du comportement, perdant parole, audition et mémoire, continua de recevoir des individus se ruant par dizaines pour accéder à son écoute furtive et bénéficier de ses miracles avant l’échéance fatale, qui provoqua les mêmes manifestations émotionnelles que la disparition de Staline en 1953.

Jacques Lacan est le héros hégélien parfait. L’âme du petit monde de la psychanalyse sur un cheval à bascule, il en dévoile le sens profond : une escroquerie superbe et juteuse, un instrument incomparable de pouvoir, de possession spirituelle, exploitant les gogos caqueteurs et gourmés, traînant les êtres faibles à la dérive. il proliféra sur le gras pâturage parisien, puis colonisa grâce à la redoutable infanterie de l’armée des gueux intellectuels, soutenus par les marxistes, des universités françaises qui passèrent sous le joug. Lacan joua à merveille le rôle du schizophrène jusqu’à s’y méprendre. Discours inintelligibles à la clarté autistique, organisant le vide de la pensée, inaccessibilité à la vérité, jeux de mots et calembours grossiers, arrogance, mépris des autres, cabrioles sinistres, sournoiseries, cruauté dominatrice, manipulations en tout genre, petit musée des farces et attrapes mais toujours calamiteux. Barbouillé de « références encyclopédiques » dont il ne tirait que des mots exotiques au service de ses incantations, il fut le seul dément dont la dégradation passa inaperçue.

Thucydide a eu cette phrase qui est une référence primordiale de notre pensée et de notre expression : « Le faible subit ce qu’il doit subir ». Face à la crédulité de ceux capables de marcher dans de telles arnaques, on peut le paraphraser sans crainte, le con subit ce qu’il doit subir.