Rampe disciple !

Les sectes ne sont pas un facteur nouveau de la géopolitique. Depuis l’Antiquité, l’histoire mystique et religieuse est remplie de sectes qui ont fait peser des dangers sur la paix des sociétés humaines. Sectes sacrificielles sous les Romains et les premiers chrétiens, Assassins d’Orient dont les pratiques épouvantent les Croisés, Ordre mystique des Templiers, sociétés secrètes ou « discrètes » (ainsi qu’aiment à se qualifier les francs-maçons aux yeux des profanes) d’Occident aux pratiques occultes, réseaux initiatiques divers et variés… Le phénomène sectaire est l’alliage de trois constantes humaines : goût du pouvoir absolu, amour du secret et du rite, inclination vers l’irrationnel.

En Asie et en Amérique, le phénomène sectaire n’a rien de neuf. L’Asie possède une vieille tradition de religions secrètes et puissantes. Quant à l’Amérique, elle s’est faite dès le débarquement du May Flower sur la défense de l’hérésie religieuse face à l’intolérance du Vieux Continent, avant d’être fondée par des francs-maçons à l’occasion de la guerre d’indépendance contre la couronne britannique elle-même maçonnique. Un pays comme les États-Unis, enraciné dans le pluralisme religieux et fondé par des membres de diverses communautés minoritaires persécutées en Europe par les Églises dominantes, n’a pas la même approche du phénomène sectaire qu’un pays comme la France qui hérite à la fois d’une tradition catholique peu tolérante à l’égard des groupes religieux dissidents et d’une tradition laïque qui, par hostilité à la domination traditionnelle du catholicisme, a constamment cherché à lui opposer d’autres cultes, d’abord celui de la laïcité maçonnique depuis 1789, la franc-maçonnerie étant l’Église de la République (voir notre article Qu’est-ce que la franc-maçonnerie ? et sa seconde partie Qu’est-ce que la franc-maçonnerie – épisode II), puis l’implantation du judaïsme depuis Napoléon, avant d’en venir à l’islam par l’immigration massive mise en place depuis 1976 par l’éminent tandem de gibiers de potence de cette droite molle en connivence avec la gauche, Giscard/Chirac, et leur regroupement familial.

En réalité, les sectes d’aujourd’hui ne sont ni plus originales ni plus épouvantables que celles d’hier, mais leur puissance géopolitique en Europe occidentale est plus grande que celle d’hier, et ceci pour au moins quatre raisons : 

1° la tolérance des sociétés démocratiques occidentales ;

2° l’amélioration de la communication transnationale qui favorise le développement des réseaux et leur emprise sur les sociétés (utilisation d’Internet par les sectes) ;

3° l’affaiblissement, au moins conjoncturel en Europe, d’une autre secte qui a connu un succès colossal, le christianisme.

4° le déclin du sentiment d’appartenance à une communauté nationale qui favorise le remplacement par un sentiment d’affiliation à des communautés d’idées ou de pratiques transnationales. 

Les sectes constituent toutes une menace pour l’intégrité morale, spirituelle, physique et financière des individus. Il y a deux critères qui ne trompent pas sur la nature sectaire d’une organisation, les importantes dépenses que la secte provoque chez l’adepte, et le fait de couper l’adepte de son milieu familial, bien que ce second critère ne soit pas systématique. Le problème des sectes suscite débat dans toutes les démocraties car il met en jeu les notions de liberté et de responsabilité individuelle. 

Les sectes sont aussi vieilles que la manipulation mentale et l’escroquerie ; ce qui est nouveau, c’est la tolérance dont les sociétés occidentales depuis les années 1970 font preuve à leur égard, on se souvient en France des délires du « gourou cosmoplanétaire » Gilbert Bourdin et son « Mandarom » à Castellane, des « Enfants de Dieu », des « Raëliens » et de tant d’autres ; c’est cette tolérance qui rend les sectes puissantes.