Le déni face au Jihad, maladie honteuse des gouvernants occidentaux

Après qu’un proviseur de lycée ait dû quitter son poste suite à des menaces de mort émanant du monde musulman, Gabriel Attal il y a quelques jours a déclaré que l’islamisme n’est pas une religion, qu’il n’a pas de contenu religieux. Non seulement l’islamisme ne serait pas l’islam, mais l’islamisme n’aurait rien à voir avec l’islam. L’islamisme est truc flottant relié à rien, « une spirale, un engrenage de la haine, a-t-il dit, qui se nourrit de notre naïveté, qui veut tuer la République… » Tout autant de mots pour ne pas caractériser une chose. C’est une fois de plus la fadaise du « pas d’amalgame ». Il est toujours savoureux d’entendre depuis plusieurs décennies ce genre charlatans gouvernementaux, non-musulmans, prétendant savoir de quoi ils parlent, contredire ceux qui sont nés dans la sphère de l’islam et qui pour cette raison précisément savent de quoi ils parlent, tels Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire kabyle en exil à Paris, auteur de ces mots, « L’islam c’est l’islamisme au repos et l’islamisme, c’est l’islam en mouvement. C’est une seule et même affaire ». Mais Gabriel Attal n’est pas seul responsable de ce déni, il s’inscrit dans la perpétuation de ce dernier. Récapitulatif historique pour voir d’où vient ce refus de reconnaître le réel chez les gouvernants occidentaux face aux actions menées par des mahométans déclarant agir dans le cadre de la guerre au nom d’Allah.

Point de départ, le 11 septembre 2001 aux États-Unis, avec l’attaque destructrice sur les tours du World Trade Center et sur le Pentagone. L’opération apparaît comme une déclaration de guerre contre l’Occident. Et ceux qui mènent cette guerre, les premiers intéressés, ne la mènent pas au nom de l’islamisme mais bien au nom de l’islam. Il n’y a que les Occidentaux pour faire la distinction. C’est la frappe inaugurale contemporaine qui aurait dû réveiller les gouvernants occidentaux et leur faire admettre que Samuel Huntington parlant du choc des civilisations n’avait pas complètement tort. Le sujet est même bien entendu tout autant au choc des religions. Mais les Américains, sous la présidence de George W. Bush décident, et de ce point de vue ce déni inaugural est américain, décident de ne pas voir ce qu’ils ont devant les yeux. Et plutôt que de parler d’une attaque de l’islamisme contre les États-Unis, ou contre l’Occident, ou contre le monde chrétien puisque les islamistes ne se privent pas de parler de leurs actions contre les « Croisés », non, en fait l’ennemi qui est devant nous c’est « l’Axe du Mal ». C’est très rapidement, dès début 2002, quelques mois après le 11 septembre, après avoir dit « la terreur », « l’extrémisme », le « fanatisme », qu’apparaît ce discours sur l’Axe du Mal, englobant la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak, mais point d’islam dans les termes employés. Alors quel est le lien entre cet Axe maléfique et Ben Laden ? Ce ne sera qu’un détour puisque quelques années plus tard, pour répondre à une frappe islamiste contre eux, les Américains décident finalement de s’en prendre non seulement à l’Afghanistan et aux talibans (la « base arrière »), mais aussi au régime irakien, dans une théorie générale de « l’Axe du Mal ». Mais comment désigner cette action ? Est-ce une guerre contre l’islamisme ? Est-ce une guerre contre le Mal ? Non, c’est la « War on terror », la guerre contre la « terreur », terme bien vague pour encore une fois ne pas avoir l’honnêteté de nommer l’ennemi. Les deux camps en présence sont donc d’un côté la civilisation, ou la démocratie, ou l’État de droit, contre la « terreur ». Au moment de l’acte inaugural qui marque l’entrée de l’islamisme partout en Occident sur le mode de la frappe massive, nos gouvernants décident de le nier en ne le nommant pas. Un bien mauvais service lancé par les Américains après 2001.

Cela dit, les Américains ne sont pas seuls dans le monde anglo-saxon. Il va y avoir une deuxième étape au déni, en 2008. En Grande-Bretagne cette fois-ci, un militaire est tué par un islamiste. Comment caractériser cet assassinat par un islamiste ? Le ministre de l’Intérieur britannique de l’époque, Madame, Jacqui Smith dit que ce crime est tellement contraire aux valeurs de l’Islam, qu’il est en fait un crime « anti-islam », desservant la bonté intrinsèque à l’islam. Orwell est avec nous. On ne peut pas faire plus renégats, déconnectés, ignorants des réalités de l’islam que nos politiciens occidentaux. D’un crime commis au nom de l’islam par un musulman, nos autorités décident de dire que c’est un crime anti-islam parce que trahissant les vraies valeurs de l’islam. Les britanniques proposeront de remplacer la référence au jihadisme par le vocable neutre « criminels ».

De la même manière suite à attentat en mai 2013, David Cameron premier ministre britannique nous dit, « Ce n’était pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et le mode de vie des britanniques. C’était aussi une trahison de l’islam et des communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays. Rien dans l’islam ne justifie un acte aussi épouvantable. » Encore une fois, le premier ministre britannique se fait théologien, il sait, lui, lorsque quelqu’un déclare « Je vous frappe au nom de l’islam », quelle est la vraie motivation de l’assassin, et ce n’est pas l’islam.

Depuis, des exemples similaires se sont multipliés avec le temps, jusqu’à Gabriel Attal qui reprend ce discours obstiné du « c’est pas l’islam, c’est tout autre chose… » Multiplier les mots sans jamais nommer le réel, sans jamais le caractériser. Sur ce sujet, nous invitons d’ailleurs le lecteur à se tourner vers notre autre article La fraude des mots, une constante des régimes démocratiques occidentaux depuis le XVIIIe siècle.

Mais la culture populaire a fini par comprendre qu’on lui mentait, qu’on lui cachait quelque chose. Si l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam, comment la culture populaire a réagi ? Avec cette formule très efficace : « padamalgam ». Une manière de dire que l’on a compris que la vérité est dans le contraire du discours officiel. Mais que s’est-il passé au fil des ans, étant confrontés à un attentat où la dimension religieuse était parfaitement explicite, indéniable ? Le pouvoir dès lors a perpétué le « pas d’amalgame » mais sur un autre registre. Orlando aux États-Unis encore, 2016, un homme se réclamant de l’État islamique ouvre le feu dans une discothèque associée au milieu gay. Discours officiel : l’homophobie est au cœur de toutes les religions monothéistes. Pour ne pas incriminer l’islam seul, c’est la faute des trois monothéismes qui est pointée par leur homophobie intrinsèque. Un commentateur en France sur un plateau télé avait dit qu’entre cet attentat et la Manif pour Tous contre le mariage gay il y avait une continuité, mais que l’action était simplement plus extrême à Orlando qu’à Versailles. 

Nos politiques finalement se présentent comme des théologiens. Ils savent, eux, ce qu’est le « vrai » islam et ce qu’est le faux, ils savent à quel moment l’islam est en question, et à quel moment il ne se présente pas à nous. Et si on leur demande que faire de ces auteurs lorsqu’ils déclarent eux-mêmes agir au nom de l’islam, la réponse est le stage de « déradicalisation » avec caressage empathique de hamsters. Gabriel Attal en la circonstance peut lui aussi devenir professeur en déradicalisation, ou imam, pour nous expliquer ce que serait dans les circonstances le vrai islam. 

Ces gens ne manquent pas de talent, ils sont théologiens, mais aussi psychiatres. L’homme politique psychiatre apparaît devant le « Jihad du quotidien », ces auteurs qui portés par un appel soudain se mettent à agir individuellement, décident d’aller poignarder le koufar en déclarant qu’une voix le leur a demandé. Immédiatement, l’argument du dossier psychiatrique apparaît. Encore une fois, ce n’est pas religieux, ce n’est pas l’islam, c’est un dérèglement psychique, bien que le psychiatre derrière vienne occasionnellement dire après examen que l’auteur savait parfaitement ce qu’il faisait. Il arrive aussi que le politique se fasse aussi sociologue, en expliquant que « devant tant de misère, de destin ingrat, d’exclusion, de racisme, de discriminations, de telles manifestations, de telles émeutes, de telles violences, sont compréhensibles, mais ça n’a rien à voir encore une fois avec la religion ». En France, derrière chaque canaille il y a un sophiste armé d’une éponge. Théologiens, psychiatres, sociologues, ils sont tout sauf politiques.

Le seul mot qui caractérise tout cela est bien évidemment celui de déni, qui découle de la peur, du manque de courage. Après avoir consenti à l’arrivée dans nos sociétés de millions de personnes à la culture « dissonante », qui se réclament de l’islam, ils ont peur du choc des civilisations. Si ce dernier existe, tout a été fait, en France depuis cinquante ans, pour l’importer dans nos murs. Il leur faut donc détourner le regard. Un mental de larves fuyantes. Or, tout étudiant en première année de psychologie vous le dira, ce que l’être humain ne sait pas désigner, il ne peut pas l’affronter. Si l’on ne doit retenir qu’une seule chose de ce sujet formidablement important, c’est que ce pays est dans la fuite devant la réalité. La seule chose que ces politiciens coupables puissent faire encore est désormais de mettre en garde la population locale contre sa propre intolérance devant l’islam qui est religion de paix en toutes circonstances et qui n’a rien à voir avec ce qu’en disent ceux qui agissent violemment en son nom. Nous sommes, dans cette République laïque, devant des gens qui ne croient plus en Dieu, et qui expliquent à des gens qui croient en leur dieu de quelle manière ils devraient y croire, à quel moment c’est vraiment leur dieu et à quel moment ils se trompent.

Alors qu’est-ce que le vrai et le faux islam ? Par exemple, lorsque certaines personnes disent « au nom de l’islam je refuse de serrer la main d’une femme », lorsque l’on se retrouve devant quelqu’un qui refuse les piscines mixtes, est-ce de l’islam ? de l’islamisme ? de l’idéologie ? de la religion ? Est-ce que l’islam politique a quelque chose à voir avec l’islam ? Est-ce que l’islam radical a quelque chose à voir avec l’islam ? Et finalement est-ce l’islam a quelque chose à voir avec l’islam ? 

Pour en finir définitivement avec ces fables du pouvoir et acquérir une connaissance vraie de la matière, le lecteur peut se tourner vers les articles de notre thématique Islam.