La loi naturelle contre le melting-pot

Le gouvernement français est obstinément engagé depuis au moins cinquante ans dans l’installation du modèle de société « multiculturelle » anglo-américain, avec une accélération massive sous Emmanuel Macron, alors que les conséquences désastreuses de ce modèle sont parfaitement identifiées, analysées, connues, en France autant que dans ses pays d’origine et ailleurs. L’étude de la société multiraciale a été faite notamment par le politologue Morton Grodzins, qui étudia les voisinages d’intégration américains au début des années 1960, et qui forgea le terme Tipping point pour désigner le point où le « vivre-ensemble » bascule dans le rejet et voit les populations à bout quitter leurs zones d’habitation pour retrouver la sécurité et la qualité de vie qu’elles ont perdues.

Avant Morton Grodzins, l’école des sociologues de Chicago et Robert Park avaient dès les années 1920 dégagé les lois de la sociologie urbaine par l’observation empirique de la situation dans les villes nord-américaines. Park et Grodzins ont chacun en leur temps observé par quel phénomène des quartiers entiers qui étaient à l’origine peuplés par des blancs se sont retrouvés au bout de seulement quelques années, peuplés uniquement par des noirs. Ce phénomène a été quantifié. Ils ont constaté que la plupart des familles blanches restaient au sein de leur voisinage aussi longtemps, évidemment, que le nombre de familles noires restait comparativement petit. Mais à un certain point, lorsqu’une population « dissonnante » selon l’expression de ces sociologues, dont le mode de vie est différent, qui n’a pas la « connaissance commune » avec la population des premiers habitants, dépassait un certain seuil, cela provoquait le départ de la population d’origine. C’est ce qui a été nommé the white flight, la fuite des blancs. Ce comportement vaut évidemment pour tous les groupes humains. Ce concept s’est répandu et consolidé jusqu’à ce que l’économiste Thomas Schelling qui travailla aussi sur ce sujet, ait obtenu le prix Nobel en 2005. Une idée semblable est à la base du modèle nommé Seuil de Granovetter concernant les comportements collectifs. Cette mécanique, vulgarisée il y a quelques années par Renaud Camus sous le terme de Grand Remplacement est donc parfaitement connue des universitaires, et des dirigeants politiques, depuis maintenant un siècle.

Thomas Shelling a analysé la manière dont fonctionne le seuil de tolérance. Il publia en 1971 dans le Journal of Mathematical Sociology un article intitulé Dynamic Models of Segregation dans lequel il a montré que chacun des individus préfère que ses voisins ne soient pas trop nombreux à être trop différents de lui-même, et qu’il est prêt à déménager dans le cas contraire. Chacun d’ailleurs a un seuil de réaction personnel à son voisinage. Les plus réactifs s’en vont les premiers bien sûr, laissant la place à davantage de populations différentes. L’augmentation de la proportion des personnes culturellement différentes provoque une première chute des prix qui dévalorise l’immobilier, poussant les moins réactifs à partir à leur tour, et ainsi de suite, jusqu’à création de quartiers quasi-homogènes sur la base des nouveaux venus. La baisse des valeurs immobilières est un facteur très important du changement de la physionomie des quartiers. C’est ce que subissent certains quartiers parisiens. Au-delà d’un seuil donné, le commerçant dont les produits ne font pas partie de la consommation des allogènes ne s’en sort plus, ferme boutique, cède son local à une activité qui, elle, ne sera pas boudée par la population « dissonante », et ainsi de suite. Le résultat important que démontre le modèle de Shelling est qu’il suffit que les gens aient une certaine préférence, même faible, pour que leurs voisins leur ressemblent, pour parvenir à ce résultat radical. Point n’est besoin de supposer qu’ils soient racistes ou animés par une idéologie quelconque. Le modèle de Shelling décrit les conséquences de décisions individuelles parfaitement rationnelles. C’est cette loi d’airain naturelle et universelle que conteste l’utopie du melting-pot que l’on veut nous imposer.

Les travaux de Shelling ont été complétés par ceux d’un autre prix Nobel 2005, l’économiste israélien Robert Aumann qui a défini la notion de « connaissance commune », notion fondamentale dans le fonctionnement des groupes humains, qui permet aux gens de vivre ensemble (langue, codes gestuels, signes physiques que l’on s’adresse consciemment ou inconsciemment), et qui varie selon les cultures, les populations et les races. Ce qui est considéré comme affectueux, gentil, aimable dans certaines sociétés, peut au contraire être considéré comme agressif et désagréable dans d’autres sociétés. De telles différences sont déjà constatables ne serait-ce qu’entre le nord et le sud de la France malgré toute la proximité civilisationnelle de ces régions. La distance d’évitement est plus grande dans le nord que dans le sud, des comportements qui sont très bien acceptés dans le sud, comme le fait de toucher les gens, ne le sont pas ou moins dans le nord. Ces différences vont inévitablement croissant avec l’éloignement culturel et religieux. Par conséquent, le mélange de populations qui sont très, trop différentes, débouche inévitablement sur des frictions, c’est d’une telle évidence qu’on se demande pourquoi la pensée universaliste refuse obstinément d’en tenir compte et veut imposer une mixité des populations, sauf à vouloir évidemment tuer la diversité humaine pour tenter d’aboutir à l’Homme nouveau et unique que nous connaissons tous désormais. Ne partageant pas la connaissance commune, les populations déracinées se ressentent dès lors en position antagoniste avec les premiers habitants, et réciproquement. C’est ainsi que l’on débouche sur des situations de conflit qui aboutissent à des situations d’exclusion réciproque où les uns occupent un territoire et les autres l’abandonnent. L’interaction des individus n’est harmonieuse que s’ils partagent suffisamment d’opinions et de valeurs. C’est l’insuffisance de cette connaissance commune décrite par Aumann qui complique les relations entre individus d’origines diverses et suscite des conflits entre eux. C’est pour cela que les sociétés multiculturelles finissent toujours par devenir multiconflictuelles. C’est pour cela que l’insécurité augmente dans les quartiers renfermant une population hétérogène différente de la population majoritaire habituelle de la France, et c’est ainsi que l’on voit la criminalité et la délinquance exploser au fur et à mesure que grandit l’hétérogénéité de la population. Plus une population est hétérogène, et plus elle est violente. Le pays au monde où l’hétérogénéité religieuse, ethnique, raciale et linguistique est la plus grande, contrairement à ce que l’on pourrait croire n’est pas les États-Unis ou le Brésil, c’est l’Inde, et c’est aussi le pays où la violence est la plus grande. C’est parce que ce pays est le plus violent qu’il a inventé la « non-violence », il n’y a là aucun hasard. En définitive et encore une fois, tout ceci n’est que du simple bon sens, et l’on s’étonne qu’il soit nécessaire que des prix Nobel aient à discourir sur de telles évidences en matière de cohésion sociale.

Il est également intéressant de citer les travaux de Robert Putnam, éminent spécialiste des sciences politiques à l’Université de Harvard. Il a tenu le 9 octobre 2006 en Angleterre une conférence de presse qui a fait grand bruit dans le monde politique anglo-saxon. Il y exposait les thèses déjà développées, six ans auparavant dans son livre Bowling Alone, dans lequel après une enquête de plusieurs années menée aux États-Unis, il validait cette autre évidence que la « diversité ethnique » est source de « méfiance » entre les individus. La presse française a évidemment passé sous silence cette conférence, il faut en trouver la trace sur le web. La diversité ethnique sape gravement la confiance et les rapports sociaux au sein des communautés. C’est ce que démontre cette importante étude qui entache d’une ombre lugubre les théories optimistes sur les bienfaits du melting-pot social dans les sociétés composées d’immigrants. Robert Putnam a mis à jour ces découvertes relatives aux effets de la diversité ethnique après avoir étudié la dynamique communautaire. Il a tardé à dévoiler les résultats de son étude par crainte de l’impact qu’elle pouvait produire sur les politiciens et autres responsables politiques mais il a lancé son pavé au cours d’une interview au Financial Times de Londres. Son étude approfondie démontre que plus une communauté est diversifiée, moins ses habitants sont enclins à faire confiance à quiconque, depuis leur voisin immédiat jusqu’à leur administration locale. Même à l’intérieur de leur propre groupe ethnique, les gens deviennent encore plus méfiants les uns à l’égard des autres, comme ils le sont à l’égard de ceux d’une origine différente. « En présence de la diversité nous nous faisons tout petits ». « Nous réagissons comme des tortues ». « Le résultat de la diversité est pire que ce que l’on avait imaginé ». Il a découvert que c’était à Los Angeles, « la concentration humaine la plus diverse de l’histoire humaine », que la confiance était au plus bas, mais ses conclusions sont aussi valables n’importe où. Quand les données prenaient en compte la classe, ou les revenus, ou d’autres facteurs, elles montraient que plus il y avait de gens de races différentes à vivre dans la même communauté, plus grande était la perte de confiance. En somme, plus nos différences physiques sont visibles, plus elles installent dans notre inconscient des barrières rendant très difficile ou impossible de voir l’autre totalement au-delà de son apparence. Seul le gauchiste idolâtre du métissage et de la société multiculturelle par pure utopie, à la cervelle frelatée, n’est pas concerné par cette réalité.

Tout cela n’est que l’évocation des tendances comportementales de fond de l’être humain, tendances naturelles et légitimes, illustrées depuis toujours par la célèbre formule « Qui se ressemble s’assemble », l’inverse étant donc tout aussi vrai, qui ne se ressemble pas ne s’assemble pas. Tendances comportementales dont la tentative maçonnique désespérée d’y mettre fin aboutit à tous les désordres que nous connaissons actuellement en France.