La parole politique n’est plus audible

Les Français sont désabusés. Ils ne croient plus en une parole politique totalement démonétisée, et ne croient plus que la politique puisse change leur vie. Dans le cadre du système en place et avec la classe politique à l’œuvre depuis cinquante ans, c’est compréhensible !

Pour retrouver une confiance, encore faudrait-il que ces Français acceptent de rompre durablement avec ce système et avec cette classe politique autorisée, « de gouvernement », de l’« arc républicain », qu’ils acceptent de rompre avec l’association des « gentils » et des « raisonnables » qui n’ont cessé de les tromper et de les bafouer, pour essayer enfin autre chose, une autre philosophie, autre régime. Le résultat des élections européennes 2024 est-il un début en la matière ? Une majorité de Français, trop frileuse et conditionnés depuis trop longtemps, n’a jamais osé le faire. On la tient depuis 1945 dans le discours selon lequel il n’y a pas de salut en dehors de ces « raisonnables autorisés ». De là, le faible subit ce qu’il doit subir. La perte de confiance s’est faite sous le funeste Sarkozy avec la trahison fondamentale du référendum de 2005 sur la constitution européenne, référendum auquel les Français ont répondu NON, et à qui on a imposé toutes les dispositions rejetées, habilement dispersées dans le traité de Lisbonne deux ans plus tard et adoptées par les parlementaires. Un beau mental de salopards ayant montré le respect qu’ils ont de la volonté majoritaire dans certains cas.

Au-delà, il est clair qu’une classe politique qui refuse de sortir de l’Union européenne, qui refuse de rompre avec tout ce qui entrave le retour de sa souveraineté (traités divers, carcan économique de l’endettement, etc.), est condamnée à n’avoir qu’une action marginale et sur des sujets qui n’engagent pas la vie et l’avenir du pays. Sous le maintien du Système en place, les élus ne sont que des pantins, le pouvoir est ailleurs, ils ont commis la folie de l’abdiquer à des instances qu’ils ont décrété leur être supérieures.

On fait le constat que la délinquance des mineurs actuels n’a plus rien à voir en gravité avec les contemporains de 1945 et de l’Ordonnance les concernant, qu’il ne s’agit plus de voler une sucette chez la boulangère mais d’agressions ultra-violentes, et qu’en conséquence cette législation est totalement archaïque, obsolète. Pour autant, aucun député, aucun sénateur, aucun membre du gouvernement, et encore moins le chef de l’État dont la tête est mobilisée par d’autres sujets, fournir de la « cuisson propre » dans les foyers du tiers-monde utilisant encore le bois et le charbon, ou de batifoler dans la jungle amazonienne, aucun élu français ne prend l’initiative d’adapter enfin cette Ordonnance de 1945 en supprimant l’excuse de minorité à 16 ans et la division par deux des peines ? Tout ce beau monde est dans une sclérose de l’esprit et de la volonté, aux abonnés absents, sur ce sujet comme sur tous les sujets touchant à la vie au quotidien.

Comment un État qui mobilise 58 % du produit intérieur brut arrive à être incapable d’assurer de façon décente l’éducation, la santé, les transports, le logement, la police et la justice !