La duplicité de la LICRA

Les menaces de décapitation d’enseignants survenues ces derniers jours, à Mulhouse et à Évry (contre un professeur juif) par des mahométans, sont l’occasion d’évoquer ce qu’a été le rôle et l’action de la LICRA depuis sa création en 1927 (nous reviendrons dans un autre article sur son histoire). Elle aura été un inlassable et redoutable acteur de la destruction de l’homogénéité européenne du corps social français afin d’imposer le « vivre-ensemble » avec des cultures incompatibles ou fondamentalement hostiles. Mais son activisme s’est toujours fait sous un discours à géométrie variable qui en fait un éminent exemple de duplicité.

En effet, il apparaît clairement à la lecture des numéros de Le Droit de Vivre (le journal de la LICRA) que juifs et arabes sont fondamentalement considérés comme frères. On y évoque à plusieurs reprises leur origine commune, les uns et les autres étant des sémites, c’est-à-dire des descendants de Sem, fils de Noé. Selon la tradition biblique, les arabes se seraient ensuite détachés à partir d’Ismaël, fils d’Abraham, et les juifs à partir d’Israël (autre nom de Jacob), petit-fils d’Abraham.

Mais la LICRA tient un double discours, correspondant à une double vision du monde arabo-musulman, selon qu’il est considéré sous l’angle des rapports avec l’État hébreu, ou sous l’angle de l’immigration vers l’Europe.

La version « lune de miel » tout d’abord, est destinée à faire accepter la poussée migratoire massive en direction, notamment, de la France et de sa communauté juive. Elle nous apprend, à travers les pages de Le Droit de Vivre, que juifs et arabes ont généralement cohabité pacifiquement. Et qu’en tout état de cause, la situation des juifs a toujours été bien moins cruelle dans les pays arabes qu’en Occident. Pas d’holocauste, peu de pogroms antijuifs dans le monde musulman. Rien à voir avec ce qui se passait dans cette Europe foncièrement hostile. André Chouraqui, Français juif né en Algérie, installé ensuite en Israël où il devient maire-adjoint de Jérusalem, illustre parfaitement cette vision des choses dans ces propos tenus en avril 1969 et rapportés par Le Droit de Vivre : « La division est moins profonde qu’il y paraît. Nos deux peuples sont frères, nos langues sont jumelles, nos histoires, depuis la Bible, sont parallèles. Nous avons une même vocation : que notre Dieu, celui d’Abraham, devienne le dieu des nations. En fait, depuis trois mille ans, nous avons vécu en symbiose : Hérode, le roi des juifs, était iduméen, c’est-à-dire arabe. Mahomet a pris son inspiration dans l’héritage biblique. Pendant tout le Moyen Age, les juifs ont vécu généralement en paix au milieu des arabes. Les pogroms eux-mêmes y étaient moins graves que les incidents entre tribus arabes. L’histoire des juifs dans ces pays ressemble à une idylle par rapport à ce qu’ils ont connu en Occident, depuis les bûchers jusqu’aux fours crématoires ».

Outre cette communauté de destin fréquemment soulignée, la LICRA insiste également sur le fait qu’en protégeant les droits des immigrés, elle protège en même temps ceux de la communauté juive. Elle le fait à plusieurs reprises, dans le but assez évident de justifier cette pression immigrationniste auprès de certains de ses propres adhérents qui pourraient s’en étonner. Assurer la prospérité et la sécurité de sa propre communauté au détriment et sur le dos des Français non-juifs et non-immigrés du continent africain. Perfide manœuvre, que Jacques Attali n’a pas hésité à exprimer lui aussi en mars 2007 dans le talk-show de Frédéric Taddei, expliquant que la communauté juive doit jouer un rôle important dans l’intégration des communautés musulmanes en Europe, en favorisant notamment l’apparition d’une bourgeoisie musulmane par le financement de leurs entreprises, « une activité fondamentale pour créer les conditions du bien-vivre en France pour les Juifs ».

Pourtant, la LICRA sait parfaitement à quoi s’en tenir sur un certain nombre de réalités concernant l’islam. Et ceci nous amène tout droit à la version « lune de fiel », lorsqu’il s’agit évidemment des relations entre l’État hébreu et les pays arabes qui l’entourent dans la région. Dans ce cas, la LICRA à travers son journal et depuis 1975 multiplie les articles critiques sur le monde musulman. En 1980, c’est le commentaire du livre Le Dhimmi – Profil de l’opprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe, qui en est le prétexte : « L’actuelle flambée d’intégrisme musulman … est la simple manifestation d’une tradition qui a quinze siècles de durée … L’islam n’a pas pénétré dans la modernité, aux temps modernes … il continue à se mouvoir en plein Moyen Age ». Il est tout de même extraordinaire de lire en 1980 une pareille description de l’islam que, bien qu’elle le dépeigne parfaitement rétrograde et réfractaire à la laïcité, la LICRA s’emploie cependant à promouvoir inlassablement en France. Et que les Français sont invités à accueillir avec empressement, sous peine d’être traités de racistes.

Une certaine excellence dans la malhonnêteté intellectuelle

Mais une certaine inquiétude, puis une vraie préoccupation vont quand même finir par percer à la LICRA. L’islamisme radical prend de l’ampleur – comme il n’était pas difficile de le prévoir – et face à ce phénomène, qui s’accompagne de manifestations d’antisémitisme, le discours de la Ligue commence à évoluer, le golem de la France multiraciale radieuse se retournant désormais également contre les Juifs. A partir de l’an 2000, la LICRA s’alarme de plus en plus d’une véritable recrudescence des actes antisémites. Il ne s’agit plus cette fois d’un « climat » qu’elle a l’habitude de dénoncer, mais de faits bien réels, fréquents, et qui commencent à toucher tout particulièrement les établissements de l’Éducation nationale. Et comble du malheur : ils ne sont pas imputables à « l’extrême-droite ». Il faut se rendre à une évidence des plus désagréables : il s’agit d’un antisémitisme arabo-musulman qui provient en droite ligne des quartiers peuplés d’immigrés. Ceux-là même que la LICRA défendait avec tant de sollicitude contre l’identité française historique. Alors cette fois, finies l’indulgence et la solidarité inébranlables ! A partir de ce moment-là, dans les pages de Le Droit de Vivre, le combat contre l’antisémitisme prend à nouveau résolument le pas sur le combat antiraciste. Car cette fois, c’est sérieux : « Les antisémites ne sont pas des voyous comme osent le dire les dirigeants du MRAP ! Ce sont des barbares ! Des ennemis de l’humanité ! ». On peut lire en mars 2003 dans ses colonnes : « On assiste, en effet, dans certaines banlieues et pas seulement là, de la part de certains individus manipulés et faibles – et n’ayons pas peur des mots si l’on veut éradiquer ce mal – d’origine maghrébine… ». Des voyous ! Des barbares ! Des ennemis de l’humanité ! d’origine maghrébine ! Exactement les mêmes propos qui conduisaient – et qui conduisent toujours d’ailleurs – les « racistes » tout droit en correctionnelle à l’instigation de cette même LICRA. L’antisémitisme d’origine maghrébine, c’est mal, mais la présence de ces mêmes populations, pour les Français c’est un bienfait. On est bien loin de l’époque où, en mai 1982, Le Droit de Vivre publiait « Lettre ouverte à un lecteur antiraciste… mais », en réponse à un lecteur qui se plaignait justement, entre autres, de la délinquance des « jeunes ». Le Droit de Vivre lui répondait alors doctement : « Si aujourd’hui conscience a été prise d’une situation devenue explosive, il faudra des années pour remédier à un état des choses déplorable sur tous les plans et sortir de l’engrenage violences-répression, répression-violences, là où il faut apporter de la compréhension, du cœur, de patience et… du travail ». Donc, lorsque la violence n’était pas antisémite, mais dirigée simplement contre les Français dits de souche, il convenait d’y répondre par la compréhension, le cœur et la patience… Ce temps-là est révolu. Alors qu’autrefois il était strictement défendu de s’attaquer aux « jeunes » des banlieues, éternellement victimes de la société, voilà que le langage change du tout au tout dès que les Juifs sont visés.

Pendant plusieurs décennies, la LICRA a favorisé autant qu’elle l’a pu cette immigration et traité de racistes ceux qui s’y opposaient. Elle récolte aujourd’hui ce qu’elle a abondamment semé ? Pleurer les effets dont on chérit les causes…