Ces deux verrous potentiels à faire prioritairement sauter

Le Rassemblement national n’est pas encore victorieux à la législative anticipée à venir, que d’aucuns s’interrogent ou s’inquiètent déjà de cette question : aura-t-il les moyens de mener sa politique et d’appliquer ses réformes ? Ceci en pensant bien sûr à l’État profond qui lui est hostile, et notamment aux deux conseils, Conseil constitutionnel et Conseil d’État. Commençons par rappeler qui sont leurs membres, comment un pouvoir complice depuis des décennies a laissé dériver leur action, avant de suggérer un antidote.

Le Conseil constitutionnel est composé de neuf membres, trois nommés par le président de la République, trois par le président de l’Assemblée nationale, trois par le président du Sénat, auxquels il faut ajouter les anciens présidents de la République qui sont membres de droit, anciens présidents qui ont donc été à la tête de tout ce qui a endommagé le pays antérieurement.

Le Conseil d’État est composé de neuf hauts fonctionnaires nommés par décret du président de la République. Ils lui doivent directement leurs postes, et il est évident que la présidence ne va pas nommer des ennemis, ennemis personnels ou ennemis du Système en place.

On a suffisamment pu voir combien l’un et l’autre de ces Conseils constitués de redevables ont appuyé la politique du pouvoir exécutif, lui ont servi de « caution suprême » servie à l’opinion. Entre la franc-maçonnerie présente dans tout l’appareil d’État, et ce système de « copains » redevables, la réalité est qu’il n’y a pas dans la démocratie française, contrairement à la démocratie américaine, de contre-pouvoirs, et que la séparation de ces derniers, tellement « vendue » par les programmes scolaires et le discours officiel, n’est qu’un leurre. Tout ce petit monde est d’accord dans ce théâtre.

Nous parlons de l’éventuelle arrivée du Rassemblement national au gouvernement, pas encore à la présidence. Mais si un jour cette dernière hypothèse devient réalité, confrontés à un nouveau pouvoir se voulant de rupture avec tout ce qui a été fait précédemment, il va de soi que ces deux « machins » constitués d’hommes lige du précédent pouvoir et idéologiquement d’accord avec lui, forment des ennemis et des verrous qui, s’ils sont laissés en place dans leur composition présente, mèneront des tentatives d’entrave à l’action du nouveau pouvoir, en contestant la validité de ses projets de loi, de ses décisions. Il en découle qu’un nouveau pouvoir de rupture serait stupide de conserver ces deux instruments d’entrave à son action.

Par ailleurs, pour le pouvoir, se plier aux décisions ou aux « recommandations » de gens d’un rang inférieur, puisqu’ils doivent leurs postes au dit pouvoir, constitue une aberration juridique et hiérarchique dont il faut sortir, sortie qui est un élément essentiel d’une entreprise de remise à l’endroit des choses dans ce pays. Il faut espérer un pouvoir qui aura le courage de rappeler à ces gens qu’ils sont au-dessous du pouvoir issu du suffrage universel, à des fonctionnaires si « hauts » soient-ils, qu’ils doivent comme tout fonctionnaire de l’État obéissance au pouvoir, qu’ils ne sont pas légitimes à dicter ce que doit être la politique, migratoire ou autre du gouvernement, bref faire rentrer tout ce petit monde dans son trou pour qu’il ne sorte pas de son rôle. Nous suggérons à ce propos la lecture de notre article Comment en est-on venus au gouvernement des juges ? Un pouvoir honnête et légitimé par le suffrage universel n’a pas besoin de la validation de sa politique par des gens non élus, qu’il a de surcroît lui-même nommés. Il n’a même pas besoin de s’emmerder à les conserver en en changeant les membres pour y placer des amis.

En analysant la réalité délirante de ce système en place, on mesure l’inversion des normes dans laquelle il baigne également.

Dragi MAJSTOROVIĆ