On ne répare pas les dégâts avec ceux qui les ont créés

L’occupant de l’Elysée était donc en conférence de presse ce 12 juin 2024. Au vu du désastre électoral pour sa personne, sa politique, son parti, et face à l’échéance des prochaines législatives, le voilà qui se met, avec le culot inhérent à cette catégorie de créatures faisant profession de la politique dans ce système français putride, à reconnaître une « responsabilité » dans une absence de réponse « assez rapide et radicale » aux « inquiétudes » des Français, comme le « malaise qui existe dans la ruralité » ou le « sentiment de déclassement qui existe dans certains de nos quartiers ». En termes d’inquiétude des Français, nous allons lui rappeler accessoirement que la liste de Jordan Bardella est arrivée en tête dans 94 %, chiffre incroyable, des 36 000 communes de France. Il me rappelle les mots du socialiste Georges Frêche, président de communauté d’agglomération, président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, expliquant en 2008 aux étudiants de la fac de droit de Montpellier les bonnes ficelles de l’activité politique et comment on « engraine les cons ». Extraits : « Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents, les gens intelligents il y en a 5 à 6%, il y en a 3% avec moi et 3% contre. Je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse (…) Les cons sont majoritaires et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les engrainer (…) les cons sont de plus en plus cons et en plus ils sont bien dans leur connerie … je vais me mettre à les aimer, je vais y revenir, je vais leur dire, mon Dieu, je me suis trompé, je vous demande pardon, et ils diront mais qu’il est intelligent, ils me pardonneront, et ils en reprendront pour six ans. » 

Je cite à loisir ces mots de Louis-Ferdinand Céline, « Pour que dans le cerveau d’un couillon la pensée fasse un tour, il faut qu’il lui arrive beaucoup de choses, et des bien cruelles. » En effet, ce fut long et douloureux, mais il faut espérer qu’avec une carte de France où 94 % des communes ont placé le Rassemblement national en tête, une majorité de Français ont en fin compris qu’on ne répare pas les dégâts avec ceux qui les ont créés depuis cinquante ans, et qu’au-delà de cet épisode électoral ils en tireront les conséquences quant au grand coup de balai multidirectionnel nécessaire au sauvetage du pays.

Dragi MAJSTOROVIĆ