France d’hier versus France de demain

On ne dira jamais assez le degré de forfaiture, de dérangement mental qu’il faut atteindre pour considérer qu’un pays doit être un simple territoire administratif où n’importe qui peut venir vivre, sans discernement de compatibilités culturelles et religieuses, en se moquant de l’identité des lieux établie par les siècles, contre les leçons de l’Histoire, avec les conséquences de transformation terribles qui en découlent. C’est pourtant dans cette forfaiture, cette pulsion suicidaire, que baignent la classe politique et des millions d’hommes et de femmes en Europe et en France, à la cervelle empoisonnée par les chimères du « vivre-ensemble » sans limites.

Sous la conduite de cette idéologie, certaines villes deviennent des laboratoires du gauchisme municipal post-national, des « symboles identitaires » de référence pour le Système mondialiste. Bruxelles en Belgique, Londres, Brighton & Hove au Royaume Uni… Mais pas les bonnes. Car ces références sont celle de cette idéologie mortifère pour notre identité. Et en France, dans le cas de Marseille, nous sommes au cœur du débat public aujourd’hui. On nous dit que cette ville représente l’avenir de la France, en la présentant comme une « cité-Etat dont la France a besoin et qui a besoin de la France, elle est l’avenir du pays, il faut être capable de le montrer » dixit son maire socialiste Benoît Payan.

Mais il y a quelque chose d’étonnant là-dedans. Le nombre de « plans Marseille », le nombre de déplacements présidentiels à Marseille – soit dit en passant chaque fois qu’Emmanuel Macron se déplace à Marseille c’est présenté comme un voyage international, en terre étrangère, ce qui est peut-être le cas finalement, ce qui est le problème. Comment une ville qui a besoin d’autant d’investissements, de fonds, d’amour, et de tout ce qu’on voudra, comment pourrait-elle être « l’avenir de la France » de manière positive ? Il se peut que si l’on se fie à l’actualité minimalement, et même dans les médias qui ont comme spécialité de falsifier l’actualité, de dissimuler le réel, les phénomènes remontent à la surface : le trafic de drogue en format XXL, au point même ou certains présentent Marseille quelquefois, certains de ses quartiers, sur le mode d’un petit narco-Etat ; la guerre entre gangs qui se substituent au rôle de l’État ; l’islamisation… Alors de quelle manière peut-on dire que c’est la ville de référence ? Il y a un côté « soviétoïde » dans cette présentation, plus c’est faux plus il faut répéter que c’est vrai, plus une idéologie se décompose plus il faut répéter qu’elle se porte à merveille. Et de ce point de vue, plus Marseille se décompose – parce que l’oligarchie ne veut pas avouer que l’utopie diversitaire du « vivre-ensemble » se décompose – plus on entend que ça va bien. 

Marseille la multiculturelle, Marseille la cosmopolite, Marseille ville « post-identitaire », « post-française » diraient certains… Cette vision correspond-elle à un certain discours dans l’espace public ? Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, né à Alger, a témoigné tout récemment de son amour de la France. Mais qu’entend-on par amour de la France ? Amour version Marseille ? Ou une autre ? Il a donné sa définition en la matière : « Je m’identifie profondément à la France. Dans ce creuset de cultures et de croyances, la France incarne bien plus qu’un simple territoire. Elle est le théâtre de multiples identités qui se croisent, s’entremêlent et s’enrichissent mutuellement. C’est une nation où la richesse de sa diversité culturelle et religieuse constitue le fondement même de son essence. » Le fondement de l’identité de la France, c’est donc sa diversité culturelle et religieuse. On comprend que ce n’est plus par exemple le catholicisme, l’histoire des rois de France, ce n’est plus la République. Non, le fondement c’est la diversité. Chems-Eddine Hafiz plaide pour le droit à la double nationalité « qui offre la possibilité d’affirmer la fierté de ses origines, enrichissant ainsi le tissus social d’une pluralité assumée, une chance et une responsabilité que nous mesurons à leurs propres valeurs. » Finalement, il nous dit que la France est plus qu’un territoire, c’est un territoire où une identité en expulse une autre, où chacun, chaque groupe, « négocie » à sa manière sa condition d’entrée dans la collectivité nationale, laquelle n’est donc rien d’autre que cette diversité culturelle et religieuse qui est son fondement. De ce point de vue, la France est d’autant plus belle qu’elle n’est plus ce que l’on nommait traditionnellement la France. Parce que si la France n’est rien d’autre que « le théâtre de multiples identités qui se croisent… Une nation où la richesse de sa diversité culturelle et religieuse constitue le fondement même de son essence », que fait-on de tous ces Français, il y en a quand même « quelques millions », qui se définissent sous le signe de la continuité historique et identitaire, qui se prenaient pour le peuple historique de France ? On devine que ce sont désormais des Français de trop.

Mais il y a encore des parties du territoire qui ne souhaitent pas être « l’avenir de la France » selon les vues mondialistes cosmopolites, qui à l’alléchante proposition du pouvoir d’implanter un beau centre de migrants répondent non merci nous préférons être « la France d’hier ».

France d’hier versus France de demain version Marseille… Des territoires qui sont encore tous administrativement français, mais pour lesquelles le mot « Français » au sens historique et culturel ne s’applique qu’à une partie du territoire national et pas à l’ensemble, ce qui ne veut pas dire que la France historique ne continuera pas à subventionner la nouvelle France qui vient, avec des transferts de fonds publics, des « plans Marseille », ils appellent ça la redistribution, les immigrationnistes trouvent ça très bien, c’est le socialisme, c’est généreux.